Petite note à l’attention des lecteurs (du lecteur ? de la lectrice ? de personne ?) : ce post, écrit devant une microsalade à l’heure du déjeuner, est un immonde monceau d’intolérabilisme à l’égard des nationalités asiatiques sous-citées, mais j’entame ma 4ème semaine ici et j’estime donc avoir le droit de me moquer un peu lourdement, de temps en temps. Par conséquent, ceci est à prendre avec humour et à la légère, et à mettre sur le dos d’un premier contact avec la culture japonaise.
Ce matin j’arrive au bureau à 11h20, toute fraîchement débarquée avec Aurélie de l’aéroport, après un super week-end à Udaipur (photos éléphantesques à venir). Je dis bonjour et je m’excuse pour le retard, OK, ça passe. Mais le temps d’aller chercher un café, Buddy-en-chef m’annonce déjà que je dois aller rencontrer un vieux professeur japonais pour lui poser des questions, départ dans 1/2h top chrono. On m’explique quand même qu’il s’agit d’une ‘discussion’ à laquelle ma boss devait assister, mais étant prise par un rendez-vous client, c’est Bibi qu’on envoie à sa place. Je me dis cool, une discussion c’est comme une conférence, ça veut dire « Cache-toi dans l'fond et finis ta nuit ni vue ni connue que j’t’embrouille, parfait pour mon lundi midi ».
Ouais, sauf que Bibi a 21 ans et plus 13, et qu’on n’est pas au collège. Je me retrouve dans une petite salle de réunion, assise derrière une grande table rectangulaire à côté de 2 Indiens, face à 4 Japonais en rang d’oignons.
Le 1er, un ancien vice-ministre ou je ne sais quoi, celui pour lequel on est tous là parce qu’il a écrit un bouquin sur les raisons de la longévité des entreprises japonaises (c’est facile, suffit de les nourrir à l’huile d’olive. Tout le monde sait ça voyons). Lui, il a une bonne bouille de jeune papi japonais. Il ouvre les hostilités en offrant un cadeau à M. Gandhi-l’indien-qui-ressemble-
Ensuite, on a le Senior qui fait la gueule. Il fait semblant de pas parler anglais parce que c’est bien plus kawai. Et il fait vraiment méchamment la gueule.
A côté, du coup, vient son interprète : 10 cm de moins que les autres (on parle bien de Japonais), flottant dans son pantalon, interprète intérimaire sûrement parce qu’il a beau parler anglais, son accent m’empêche de comprendre quoique ce soit.
Au bout de la table vient le ‘petit jeune’, qui ne sert pas à grande chose mais qui se fend la poire pendant toute la réunion, surtout quand Monsieur le Vice-Ministre fait une grande démonstration de japo-mobile. Il est juste en face de moi et ça ne me facilite pas la tâche.
Mon voisin de droite, A.N., l’Indien qui m’a fait venir ici, trafficote son Tata-Blackberry pendant que les Japs causent au Bavarois.
Moi, on me présente vite fait comme "coordinatrice de j’ai pas compris quoi". Je ne sais pas ce qu’il y avait dans leur thé ce matin mais ils devraient plus se méfier.
C’est très marrant d’observer comment les Japonais prennent les Indiens de haut, et comment A.N. répond en étant l’incivilité incarnée : et que j’te check mon Blackberry sous ton nez, et que j’te coupe la parole, et que c’est moi le chef et d’abord t’es dans ma ville et si je veux tes cerisiers en fleur t’en reverras jamais la couleur !
J’exagère un peu mais bon, c’est très guindé et pas très friendly tout ça.
Tout d’un coup, les Japonais dégainent leurs appareils photos, un numérique moderne et un jetable sorti tout droit des années 90. Tout le monde se rapproche et sourit, enfin moi j’essaye juste de me retenir d’éclater de rire, ça ferait tâche sur la photo.
On a eu du thé, ça a parlé coopération indojaponaise, bref ça a continué comme ça pendant presque 1/2h. Pas évident de jouer son rôle de "quota jeune femme européenne", j’ai dit 3 mots et gribouillé 1 ligne que je vous retranscris ici: « Mais qu'est-ce que je fous là ? »
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